Ma découverte de la méditation s’est faite pendant l’adolescence. Mais mon intérêt pour ce type de discipline remonte à mon enfance. Les souvenirs ne sont pas très clairs et je serai bien incapable d’en faire une chronologie nette. Depuis que je suis enfant, et encore maintenant je suis fasciné par l’invisible, par ce qui ne peut être vu ou touché, mais qui d’une certaine manière peut être senti. Petit, je dévorais les livres de magie, de voyage astral, de télépathie, d’acupuncture, de soins énergétiques, d’ovnis, d’égypte ancienne etc. Mes parents avaient une collection de livres qui s’appelait l'"Aventure Secrète” et c’étaient les seuls livres que j’avais plaisir à lire à cette époque....Je découvrais le bouddhisme, grâce à ma tante et avec la lecture du Livre des Morts tibétains, où le passage du monde des vivants à celui des morts est décrit de manière quasi scientifique.
Cet ailleurs me fascinait, ces autres dimensions dont certains reviennent et parlent.
Mais cet ailleurs, il y en avait toujours un autre, puis un autre et encore un autre...
Je sentais que dans cette exploration quelque chose resterait toujours insatisfait.
J’ai d’abord abordé la méditation comme une recherche d’expériences mystiques: Amour Inconditionnel, Expérience de l’Unité, Expérience du Tout, Joie sans objet, Paix Imperturbable, Extase etc.
Lors de mon séjour Erasmus je méditais souvent. Un soir, une expérience me tombait littéralement dessus: je me ressentais comme l’Univers entier, et je me reconnaissais dans chacune de ses parties. Une expérience indicible d’Unité et de guérison. Je ne sais combien de temps cette expérience a duré, car il n’y en avait plus, mais elle marquait en moi un bouleversement de perspective profond.
Une quête pour retrouver cette expérience a suivi, je voulais la reproduire, et vivre de manière permanente cet absolu qui dépassait en intensité et en qualité toutes les expériences que j’avais pu vivre jusqu’à présent. Ironiquement, ayant goûté à l’Unité du Tout, je souffrais maintenant encore plus du sentiment de séparation. Une porte semblait s’être refermée aussi vite qu’elle s’était ouverte.
Car s’il y a bien une chose sur laquelle on peut compter c’est le changement et la nature transitoire des choses.
Cette expérience aussi belle soit-elle, aussi subtile et divine soit-elle, ne pouvait pas durer du fait même de sa nature, ni même se reproduire.
Ce qui naît doit mourir. Ce que j’obtiens je finis par le perdre. D’autres diraient qu’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve...
Petit à petit la méditation comme recherche d’expériences m’apparaissait comme une impasse. En fait, elle n’était en soit pas très différente d’une recherche moins “spirituelle” comme avoir une voiture, une maison, une bonne situation etc. C’était la même chose, sauf que l’objet de la recherche était de nature plus subtile, moins matérielle: c’était une expérience.
La rencontre avec le courant spirituel et philosophique indien de non-dualité a été littéralement un tournant à 180 degrés. A Noël, ma grand-mère cherchait une idée de cadeau, je lui proposais l’idée de m’offrir le livre l’Enseignement de Ramana Maharshi car le
visage de ce maître m’attirait, il avait un air sympathique (cf photo).
Au début je ne comprenais pas bien ce qu’il cherchait à transmettre mais je sentais que quelque chose en moi reconnaissait le Vrai.
Chaque fois que quelqu’un venait lui poser une question, sur n’importe quel sujet, il demandait: Mais qui pose cette question?
Et si quelqu’un en avait une sur la méditation: Mais qui médite?
Mais oui, qui médite?
Qui est ce JE dont tout le monde parle? “J’adore ça, je suis allé ici, je n’aime pas faire ça etc”. C’est vrai, nos vie semblaient tourner autour d’une inconnue, d’un gouffre inconnaissable. Mais inconnaissable pour qui?
La Self Inquiry (la question “Qui suis-je”) de Ramana Maharshi opérait un basculement du regard, comme s’il demandait à l’oeil de se regarder lui-même et sans miroir...
Qui suis-je?
En fait, la réponse à cette question ne peut pas passer par le mental qui chercherait à AVOIR une réponse, la connaissance ici passe par l'ÊTRE.
C’est en étant que l’on connaît.
Je ne suis pas très bon pour les chronologies, mais après il y a eu mon premier séjour en Inde et mon pèlerinage à l’ashram de Ramana, au pied de la montagne Arunachala. Là-bas j’ai réalisé ce que les mots “Vous êtes ce que vous cherchez” voulaient dire, ce que la question “Qui suis-je?” cherchait à faire. C’est comme si ce lieu m’enseignait par son énergie ce que toutes mes lectures avaient voulu me transmettre par des mots. Je passais mes journées assis, à simplement être et découvrir que la Paix, la Joie, l’Amour étaient les parfums de ce que j’étais, des états venant colorer l’espace indicible du Soi. Ces états je les laissais venir et partir pour rester avec ce qui ne partait pas, ce qui avait toujours été là, comme un stylo qu’on avait cherché partout et que l’on retrouve sur son oreille. Je restais avec ce qui ne naissait ni ne mourrait, ce qui ne pouvait ni se perdre ni se gagner: le Soi.
La recherche s’arrêtait, l’attention si longtemps tirée au dehors, revenait comme un fil d’aspirateur à sa Source. Fondre en soi-même n’avait pas de fin et c’était délicieux.
Tout ce détour pour partager avec vous ce que j’entends maintenant par méditer. Laisser l’attention au repos à sa Source. Rester un avec ce qui est. Sans intermédiaire. Être.
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