L’esprit de l’Atelier du 4 Déc.22
La recherche du bonheur
Nous cherchons tous le bonheur. Mais nous ne le cherchons pas au bon endroit. Le terme de “recherche” trahit déjà notre errance: nous imaginons le bonheur comme quelque chose à trouver, le résultat d’un effort qui s’inscrit dans le temps.
“Dans l’homme existent un amour, une douleur, une inquiétude, un appel, de sorte que s’il possédait les cent mille univers, il ne pourrait trouver le repos.” Rûmi
Inconsciemment nous conditionnons notre bonheur à l’avoir: “Si j’ai X alors je serai heureux.” S'ensuit automatiquement: “Tant que je n’obtiens pas X alors je ne peux pas être pleinement heureux”.
Mais ce qu’il se passe vraiment est plutôt: “Si j’obtiens ce que je veux alors je m’en lasse et commence à désirer autre chose” ou “Si par chance j’obtiens ce que je veux alors j’ai peur de perdre cette chose qui me rend si heureux”. Cette stratégie du moi est donc une impasse, c’est une ligne d’arrivée reportée toujours plus loin et toujours plus tard. Les objets, les expériences, les relations ne m’apporteront jamais le bonheur stable que je recherche car dans ce monde où tout change, telle est la loi: ce qui est naît doit mourir, tout ce qui a un début a une fin. Ce que nous cherchons ne peut donc pas être une expérience ou un état: nous cherchons inconsciemment ce que nous sommes.
Le retournement de l’attention
Dois-je renoncer alors au bonheur? Je ne dois pas renoncer au bonheur, je dois renoncer à la croyance qu’il est ailleurs. Le mystique sufi Rûmi nous appelle au réveil:
“Vous êtes à la recherche du monde pour trouver un trésor, mais le vrai trésor, c'est vous.”
Cette recherche n’est donc pas vaine, il faut simplement que je la réoriente. Ce que je cherchais dehors, je dois le chercher dedans. Ce retournement de l’attention est une étape cruciale et marque le début du chemin spirituel.
La voie sans effort, celle de la non-dualité peut se résumer par : Vous êtes ce que vous cherchez (“Ce que vous cherchez est l’espace depuis lequel vous regardez"/ "What you are looking for is where you are looking from” Jac O’Keeffe). Et donc, si je suis déjà ce bonheur stable et sans limite, le rechercher revient finalement à en retarder la reconnaissance.
« le Royaume de Dieu, est au milieu de vous (au dedans de vous) » Jésus
Une image pour mieux comprendre: Où sont mes lunettes?
Pour faire une analogie, notre quête ressemble à celle d’une personne à la recherche de sa paire de lunettes. D’abord apparaît l’idée que la paire de lunettes est perdue, puis l’effort de la recherche commence. Au bout d’un certain temps, la personne commence à paniquer: après avoir retourné toute la maison, de surcroît avec une vision floue, toujours rien. Elle a perdu ses lunettes pour toujours! Elle s’arrête. Fatiguée et démoralisée par cette recherche vaine, elle s'asseoit, regarde son image dans le miroir et se rend compte que ses lunettes avaient toujours été là, posées sur sa tête!
Paradoxalement, la recherche des lunettes a retardé leur découverte. Et finalement la recherche était vaine depuis le départ car les lunettes n’étaient jamais perdues: la croyance en leur perte était donc une illusion.
Cet atelier de Yin Yoga est donc le cadre proposé aujourd’hui pour lâcher l’illusion et revenir à la réalisation (revenir au réel) que le bonheur est toujours là, disponible pour peu que nous changions la direction de notre attention vers nous-même.
"Ne méditez pas : Soyez ! Ne pensez pas que vous êtes : Soyez ! Ne pensez pas à être : vous êtes !" Ramana Maharshi
Le Yin yoga
Présentation
Le Yin yoga popularisé par Paul Grilley dans les années 90, est inspiré de la Tradition Taoiste et repose sur trois principes simples. Les postures sont maintenues pendant plusieurs minutes, dans l’immobilité et le relâchement complet des muscles. Le pratiquant adapte l’intensité de travail de chaque posture en utilisant du matériel ou des modifications, et trouve le juste milieu entre le trop et le trop peu. Contrairement aux yogas plus dynamiques, l'alignement n’est pas un critère, ce sont les sensations générées par la posture qui sont importantes et bénéficient de toute notre attention. Chaque personne étant unique, la posture aura un aspect différent pour chacun.
Le Yin Yoga est la pratique reine du lâcher prise et permet d'accéder aux tissus plus profonds tels que les fascias, tendons, ligaments et os qui sont souvent le réceptacle de tensions inconscientes.
Tirant ses principes de la médecine chinoise traditionnelle, il permet aussi de travailler les méridiens (lignes le long desquelles circule l'énergie ou Qi).
Bienfaits
Les bienfaits d'une séance de Yin sont multidimensionnels: un lâcher prise émotionnel, mental et physique profond, la libération des blocages énergétiques et l'activation des méridiens. Au niveau plus physique, le stress appliqué aux tissus suivi du repos permet d'augmenter leur résilience, flexibilité et leur apport en éléments nutritifs Au niveau spirituel, l'attention finit par reposer spontanément dans l'espace de l'être, le pratiquant fait alors l'expérience du Soi: l'éveil.
"Rester conscient sans effort est l'état de félicité." Ramana Maharshi
Pour qui ?
Toute personne ouverte à réorienter son attention vers l'intérieur !
La pratique du Yin n'a pas de contre-indication, le pratiquant restera toutefois attentif, comme dans toutes pratiques physiques, aux sensations qui émergent ( "no pain no gain" n'est pas un adage valable ici) ainsi qu'à ses fragilités actuelles (blessures, grossesse etc.) pour adapter sa pratique. N'hésitez pas à me faire part avant le début du cours de vos antécédents.
Déroulement de l’atelier
L’atelier a pour but de favoriser la reconnaissance et l’éveil de ce que nous sommes véritablement: la Conscience.
Cette conscience peut porter différent nom en fonction des traditions: le Soi, le Tao, le Tout, l’Unité etc. Dans le cadre de cet atelier nous choisirons le terme de Conscience.
La Conscience
La Conscience est comme un espace, un ciel vaste et clair, dans lequel tout apparaît: les sensations, les pensées, les émotions, les sons et même ce que nous appelons le “moi”!
Tout comme le ciel, cet espace est libre de tous les contenus qui le traversent, toujours intact et complet en lui-même. Il est le Soi avec un grand S (le soi avec un petit s étant le moi) et son essence est Sat-Chit-Ananda (vérité-conscience-béatitude). Quand la conscience prend le temps de goûter à elle-même, c’est-à-dire quand l’attention quittent les objets pour s’intéresser au sujet alors le bonheur rayonne.
“La conscience n'a pas besoin d'un agent pour se connaître. Elle se connaît par elle-même. Elle brille par elle-même, tout comme le soleil. Elle n'a pas besoin d'une conscience extérieure pour la voir. La lune a besoin de la lumière du soleil pour être vue. Dans cette analogie, la lune est comme l'ego. L'ego ressemble à la conscience, tout comme la lune a une forme ronde comme le soleil et semble briller comme le soleil. Cependant, la lune n'est pas autonome, elle ne brille pas de sa propre lumière. C'est un objet qui brille avec la lumière réfléchie du soleil. En d'autres termes, le moi-pensée ou le moi-sentiment n'est pas le soleil ; il n'est que la lune. Elle a besoin de la conscience pour être vue, pour briller. La conscience se connaît elle-même par elle-même. Nous n'avons besoin de personne pour nous dire que nous sommes conscients, nous le savons. Nous le savions en tant que nouveau-né, avant même de connaître le langage. Avant même de naître, nous savions que nous étions un être conscient. Nous avons oublié que nous sommes cette conscience et nous nous sommes identifiés à des objets. Nous pensons : "Je suis le corps, donc je vais mourir". Cependant, la conscience ne se trouve pas dans un corps. Le corps apparaît dans la conscience, l'esprit apparaît dans la conscience, le monde apparaît dans la conscience. Telle est notre expérience. Malgré cela, nous superposons à notre expérience la notion inverse, à savoir que la conscience est dans l'esprit, que l'esprit est dans le corps, et que le corps est dans le monde.
Cet endroit est neutre. La vérité est neutre, incolore. Cette présence est neutre, tout comme un miroir qui permet à toutes les images agréables et désagréables de se refléter en lui. La conscience est transparente. Elle n'a pas de caractéristiques propres. Elle est pure disponibilité. Elle est l'accueil de toutes choses : vos pensées, le monde et votre corps - non pas le concept du corps mais l'expérience réelle de celui-ci.” Francis Lucille
La pratique Yin et l’élément EAU
Aujourd’hui, nous favorisons cette reconnaissance par une pratique Yin autour de l'élément EAU de la médecine chinoise. Parmi les 5 éléments c’est l’élément le plus Yin, qui correspond à la saison de l’hiver et aux organes des Reins et de la Vessie dont nous travaillerons les méridiens. Les postures d’extension et de flexion de la colonne nous permettront de stimuler ces trajets d’énergie.
L’élément EAU correspond à une énergie descendante. Nourrir l’élément eau en nous aidera à l’introspection, au voyage à l’intérieur de nous-même et à la réceptivité. Relié à l'hiver c'est aussi symboliquement une mort qui prépare à la résurrection du printemps.
Méridien des Reins
Les Reins sont le siège de la volonté et du courage qui donnent naissance au pouvoir de détermination. Avoir ‘les reins solides’ suppose un ancrage, un enracinement. Le fait d’entretenir l’énergie des reins permet aussi d’équilibrer notre mental et notre vie émotionnelle. A noter que les extensions du rachis supportées seront aux bénéfices des Reins et des glandes surrénales souvent épuisées par le stress chronique contemporain.
Méridiens de la Vessie
Le méridien de la vessie est le plus extérieur dans la carte des méridiens. C’est la raison pour laquelle il est le premier à réagir en cas d’attaque extérieure : vent, froid, sécheresse, chaleur et humidité. Quand ce méridien est bloqué, la circulation de l’énergie vitale et l’autoguérison du corps sont perturbées. Par ailleurs, sur le plan émotionnel, un blocage de ce méridien provoque une jalousie excessive, des manies, des obsessions, des soupçons, des nerfs à vif, etc. A noter que les flexions avant de la colonne seront au bénéfice de la Vessie.
La posture juste
D’abord, il y a la posture du corps que je prends soin d’ajuster en fonction des indications et de mes problématiques personnelles. Une fois la posture trouvée, je veille à ce que le travail ne soit “ni trop peu ni trop”, je trouve mon équilibre, afin de pouvoir garder l’immobilité pendant plusieurs minutes sans trop de difficultés (il peut y avoir de l’inconfort mais jamais de douleur). Une fois immobile je trouve ma posture intérieure grâce à la respiration. J’imagine et ressens que la zone qui est travaillée dans la posture est un espace qui respire et se détend un peu plus profondément à chaque expiration. Je ne résiste pas à ce qui est là, tout est accueilli dans l’espace de la conscience comme sont accueillis les nuages, les oiseaux, les avions, la pollution dans le ciel.
Observer ce qui est là dans l’instant
Dans la posture j’observe ce qui se présente, je suis curieux pour ce qui émerge dans l’expérience directe. Je suis comme un scientifique dans son laboratoire ou un nouveau né qui ressent pour la première fois ce qu’on a plus tard appelé “sensations”, “pensée”, “sons”... Je n’ai aucun a priori sur ce qui est là. Je ne pense plus mon expérience je la vis. Petit à petit je sors de l’hypnotisme de mes pensées, du mental et constate que je ne suis pas les pensées mais qu’elles apparaissent à l’intérieur de moi-même.
Plonger dans la Conscience
Pendant la pratique j’ai constaté le flux de l’expérience se déployer, d’instant en instant le changement, la naissance et la mort, l’apparition et la disparition des contenus. L’impermanence. Je reviens maintenant à ce qui ne change pas, l’espace dans lequel tout ce mouvement se déploie: la Conscience. Comme si au lieu de m’intéresser au film je laissais l’attention fondre et plonger à l’intérieur de l’écran de cinéma sur lequel toutes les images apparaissent et prennent vie.
La conscience repose finalement en elle-même, consciente d’elle-même, tous les efforts s’évanouissent et je goûte au silence de l’être qui se parfume d’une paix sans limite.
“L'absence d'effort, en demeurant conscient, est l'état de félicité.” Ramana
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